Les sourcils arqués, le front plissé, l'antre

Les sourcils arqués, le front plissé, l'antre s'ouvre comme une bouche, aspire et meurt, j'aurais ma peau, je clique et je claque entre mes doigts, d'un seul coup de baguette-icide, d'un coup fatal, me pieds bougent tout seuls c'est mon cerveau qui fond à l'interieur, j'aurais ma peau, mes doigts tremblent en un seul geste : tout s'éteint, les bruits à l'extérieur finissent en tank et broient mon dos, broient l'intérieur en une seule fois, j'aurais ma peau, et tout s'évapore quand mes paupières tombent. J'ai peur du futur, je creverais mal assise au fond d'un trou, je l'aurais bien cherché, mon cervelet sera homme-lette, frit à souhait, décomposé, j'aurais ma peau, en confettis, carbonisé, mes nerfs s'enrouleront pelotte de laine, il faudrait certainement que j'arrête. Je le sais, il le sait, tout le monde le sait : j'aurais ma peau, et quand je girai nue, a terre, avec des larmes aromatisés chiottes qui couleront de moi, quand je serais larve avec bulles atomisées à l'intérieur, on l'écrira autour de moi : elle a eu sa peau, elle est morte en tonneau.
Il suffit que je ferme les yeux, et les trous réaparaissent, béants,
j'ai eu ma peau, je l'ai vendue, et maintenant
tout le monde
marche
dessus.