tan^sucrine = (coté opp/ adj ?)
J’écris du fond de mon trou pour ne pas avoir à en sortir.
Dehors, les feuilles mortes dansent comme on glisse sur le
temps perdu, et le froid réveille la fièvre; les mots dans ma tête se bousculent
et se déguisent et finissent enfin par sortir.
Il faut de l’ordre pour vivre régulièrement, c'est-à-dire qu’il
faudrait certainement que je me range et que je me nettoie l’intérieur pour me
retrouver, mais mon folle-toir est un mal nécessaire, et il faut sans cesse m’y
raccrocher pour continuer à m’y cacher.
J’écris du fond de mon purin parce que son odeur ne me
dérange pas outre mesure : on s’habitue à tout et ce n’est finalement plus
qu’une formalité.
Je ne danse plus, je ne pointe plus mon fusil contre mon cœur,
car j’ai dû m’en lasser, mais j’ai déjà oublié quand et comment j’ai perdu ma
chair à vif, j’ai oublié tout cela et j’ai souvent peur de finir vide et seule,
mon cœur comme de l’asphalte et ma bouche froide comme un cadavre.
Et puis la fièvre est apparue, comme une certaine évidence, m’a prise de court, les joues rouges sont revenues et ma tête a explosé sur le palier. Je dis ma tête a explosé sur le palier je me suis allongée doucement et j’ai senti le sol se dérober je dis je me suis écrasée contre le sol JE DIS JE ME SUIS LAISSÉE TOMBER ET LE PAR-TERRE NE M’AS PAS RETENUE.
[Inspiration, Expiration]
J’écris du fond de mon lit car mes jambes se sont enfuies, j’écris
à la chaleur de mon ventre et demain est une utopie, mais il faut bien croire
en quelque chose.
Je ne sais pas comment j’ai fait, en quelques semaines a
disparu celle que j’ai toujours connu, et il faut maintenant que je me débrouille
avec cette nouvelle part de moi-même, que je fasse avec, que je m’en accommode,
car je ne pense plus avoir le choix.
J’écris du fond de mon corps, j’écris et les mots ne coulent
plus comme avant, j’ai du laisser cramer sucrine et le caramel a durci, c’est,
je crois, ce qu’on appelle les déboires du temps.
J’écris du fond de mon trou pour ne pas avoir à en sortir,
car dehors les autres sont morts bien avant moi et la fièvre remonte jusqu’au
bout de mes doigts.
J’écris du fond de mon purin car l’odeur s’est répandue à peu près partout sauf dans mon cœur et je crois qu’il faut le préserver, car demain est une utopie, mais j’ai décidé d’y croire, car il faut bien croire en quelque chose.