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In the nervous light
14 mars 2007

O2

Je me souviens des soirs d'hivers, accoudée à la fenêtre mes rires falsifiaient l'envie et mon immobilité était ce geste lent et bien ancré.
Je me souviens des ritournelles insipides, chantées à bras le corps, avant que ne vienne le jour et les masques meurtris.
Il y a qu'aujourd'hui, le visage est puant d'ombre le sourire reste glacial et collé à ce monticule d'inexpressions DU VIDE DANS MON INTERIEUR peinture fraîche, ne toucher qu'avec moisissures avancées, svp.
Il y a qu'aujourd'hui le corps se déleste et l'oeil aussi, nous ne voyons plus jamais au delà des grises mines et les autres sont ce mal nécessaire.
Je prends l'image, le vif en mon instantané, mon négatif est donc sur cette table et il ne me reste plus qu'à le brûler.
Je déboite noir en blanc, je colorie les visages d'enfants, je prends ce qui me semble beau pour en faire du criant.
Je pixualise, tant et si bien que j'en oublie le reste, le vrai, le charnier au fond de mon automne apprivoisé, les mots ne glissent presque plus jamais, l'affaire est là : solitude au milieu d'une foule ou au fond des prés, avec à peine d'air pour s'asphyxier et laisser enfin le Verbe totalement délaissé, revenir comme si hier n'était qu'à une minute de nous.
Au miroir je ne crache plus bile mais seulement dégoût, il ne manquerait plus que le corps soit aux normes et nous pourrions fondre au milieu d'une masse décolorée.
Il faut sans cesse se chercher, car la perte est certainement ma plus grande acquisition, regardez comment, dans cet oeil vert, le sol est brisé.
Je jauge en fiole avide, mais ça, je vous l'avais déjà dit, je décrypte les informations qui sont nécessaires à ma mort, les mots ne sont plus libération mais seulement apogée grotesque de cette masse de choses que je ne suis pas et que je ne serai jamais.
C'est la puanteur de ma nonchalence qui m'envahit, l'incompréhension est totale : ma bouche reste vissée tant et sibien que j'en oublie d'exister.
Moulin à vent d'inésperance je demeure, il n'y a plus aucun répit, la rançon est glorieuse, partout il faut être autre et pas simplement feuille de choux solitaire.
Il faut réapprivoiser la solitude pour jouir du mot liberté, j'ai tout perdu, me voici reluisante dans les champs, et aujourd'hui, la seule chose qu'il me reste est de compter les déboires du temps.
J'aurai dû fermer la porte à clef pour ne jamais laisser ce masque entrer, fermons les yeux que le monde nous ensorcèle, fermons les yeux et respirons la dernière miette,
Fermons les yeux.
Que le temps recommence à s'arrêter.

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