Au travers de la vitre les lignes se dessinent,
Au travers de la vitre les lignes se dessinent, la paume est r(o)ugissante,
La phallange écrasée.
Il y a au bout du doigt quelques parcelles de peaux volées, caressées, embrassées,
toutes différentes du
corps qui les porte, il y a, au bout des doigts, des morceaux épidermes
enfermés qui dansent cadence au travers des heures qui tournent, la
peau se défile finalement, chaque seconde s'inscrit à l'intérieur de la
paume qui hurle à la nuit.
Le
beige s'est grisé avec le temps le cuir a pris le goût de l'asphalte,
apres avoir mille fois rencontré, salué, épousé, caressé, l'écorce de
l'intérieur a commencé à s'estomper pour laisser place aux lignes
d'envie.
Ici
ligne d'amour bosselée morcelée, intérieur brut qui se dessine et se
creuse, là bas la tête est redessinée je suis le mont le venus et le
mars je fais craquer mes doigts pour faire apparaître le futur plus
vite et je déchiffre, toujours,je déchiffre car jamais je ne veux
prendre peur.
Je
ne connais pas l'avenir mais je pourrai vous conter passé, ma main est
aujourd'hui seche et froide car elle a frappé les murs, elle a bâtit
avant de se battre, elle a participé, je veux dire qu'elle a créé avant
moi, elle a commencé seule et c'est moi qui l'ai suivie j'ai posé une
pierre sur une autre et elle les a apprivoisées, ensemble nous avons
dansé du pire comme du meilleur, ensemble, nous avons vécu en
essentiel, ma main puissante preuve de vie, que j'ignore encore
souvent, maintenant, sa froideur me réchauffe la nuque, maintenant sa
force m'aide à me relever les matins incertains, maintenant,
au travers de la vitre, je redessine les lignes et la paume, pour toujours les admirer.
Les mots pour Jean Rustin.